Hadès + Perséphone

Cette interview a été réalisée en janvier 2022.

Qui êtes-vous ?

Perséphone —  Je suis une femme hétérosexuelle de 29 ans et je suis la soumise d'Hadès.

Hadès —  Je suis un homme de 42 ans, hétérosexuel et je suis le dominant de Perséphone.

D’où venez-vous ?

Perséphone —  Je ne le dis jamais mais je viens de Belgique ! Un père absent depuis mes quatre ans, un divorce, des violences sous fond d'alcool et de drogues. J'ai toujours vécu avec ma maman et mes deux sœurs. Une enfance et une adolescence heureuse entre filles, un lien un peu trop fusionnel avec ma maman qui essayait tant bien que mal de jouer le rôle des deux parents. Passionnée par les bêbêtes depuis toute petite, j'en ai fait mon métier et je suis ultra-épanouie. Maintenant, N/nous vivons dans le Sud Ouest de la France : c'est quand même bien mieux. À 16 ans environ j'ai compris que mes penchants un peu trop différents m'isolaient de mes camarades de classe, qui fantasmaient sur une nuit d'amour romantique, et moi, qui rêvais de violence et d'entraves. Me voilà donc à rentrer dans l'univers BDSM grâce à mon ami Internet mais, après quelques relations pas top, décevantes, et une certaine pression familiale, j'ai repris une vie vanille et morose jusqu'à mes 24 ans. C'est après un déclic que je me suis alors libérée et peu importe ce que les autres pensaient de moi, je voulais être heureuse.

Hadès —  Je suis originaire de l'Est de la France. Enfant unique dans une famille tout simplement ordinaire, je me suis vite retrouvé à me débrouiller seul car mes parents travaillaient beaucoup. J'ai toujours eu tout ce que je voulais, ils compensaient les manques par des cadeaux. Un crucial manque de communication avec eux, surtout mon père, et une éducation à l'ancienne m'ont fait perdre le peu de confiance que j’avais en moi. Ce petit côté enfant unique m'a souvent rendu insatisfait lorsque je me suis assumé seul. J'ai découvert mon côté BDSM sur le tard, vers mes 30 ans, après plusieurs relations vanille dont le côté monotone et routinier m'a un peu découragé. Lors de ma dernière relation, j'avais envie de plus de contrôle et mon caractère dominant c'est affirmé, surtout lors des relations intimes. Comme tout le monde je me suis documenté sur Internet pour voir un peu s’il était normal d'être sadique avec la personne que l'on aime.

Votre rencontre

Hadès —  Nous nous sommes rencontrés, encore grâce à Internet, sur un site de rencontre BDSM. Au bout de nombreuses recherches, de discussions et surtout de messages privés sans réponse, j'ai trouvé Perséphone. J'ai tenté ma chance. Elle m'a raconté que j'étais en lice avec un autre Dominant mais l'autre n'a eu aucune chance car il lui demandait de porter des talons hauts et des jupes : le contraire de ce que portait ma « petite chienne ». Nous sommes vite passés au mail et à Skype et, en 2015 : coup de foudre entre nous. Pourtant elle était en couple vanille : j'aurais dû seulement être un Dominant occasionnel mais le destin en a voulu autrement. Je lui ai remis son collier dans un château en chambre d'hôte et quelques mois plus tard nous nous sommes installés ensemble pour vivre une relation BDSM en 24/7.

Le couple

Hadès —  Pour comprendre un peu : nous avons vécu pendant plus d'un an en relation basée sur le petplay, elle était ma petite chienne (puppy) et j'étais son handler. C'était simple, elle était au chômage : donc le lien était présent au quotidien. Je rentrais, je n'avais qu'à m'occuper d'elle et elle à m'obéir sans condition. Notre relation a ensuite évolué avec de la servitude, des rituels et des règles. Une dynamique tournée vers le contrôle et mes plaisirs ; tout se passait à merveille. Pour notre plus grand bonheur, notre fils est arrivé trois ans après. Le vanille, le quotidien et la routine se sont installés ; j'étais le papa et elle est devenue maman, il n'y avait plus de couple, juste des parents. J'étais tourné vers notre fils et les désirs de Perséphone, en m'oubliant complètement... Fini la symbiose et l'union, juste deux personnes vivant sous le même toit. Nous avons tenté de recommencer plusieurs fois mais le fossé s'était creusé. Résultat : un couple vanille, malheureux car l'essence de notre relation était le BDSM. Il y a quelques mois nous avons eu une très grosse discussion : c'était soit recommencer notre lien avec des bases solides soit la fin. La réalité était que le gros manque de communication au sein de notre couple et la précipitation (tout essayer et faire comme les autres) lors de nos débuts nous avaient cruellement desservis. Cette fois-ci il fallait obligatoirement tout poser à plat et, surtout, être honnêtes l'un envers l'autre car nous sommes deux. Après cette épreuve nous sommes plus unis que jamais et nous nous retrouvons enfin !

Perséphone —  Deux êtres complémentaires qui s'aiment d'un amour sincère mais qui ont beaucoup de mal à communiquer certaines fois. Il est Le protecteur de mon côté naïf et bisounours : non, le monde n'est pas tout beau et les gens peuvent être méchants. J'ai besoin de contrôle au quotidien, pas juste de temps en temps. C'est pour ça que le 24/7 est indispensable pour chacun de N/nous. Les règles et les rituels sont importants car la D/s est la base de N/notre dynamique. Un cadre bien posé qui va permettre de conjuguer vie de parents et vie de couple BDSM. Je gère beaucoup de choses, surtout au niveau administratif, mais aussi les rendez-vous pour le petit bout. J'ai donc besoin de Lui pour lâcher prise et être moi. Je ne l'appelle pas encore Maître (j'utilisais ce titre) car N/nous attendons mes vœux et la pose de mon collier. J'adore les papouilles, les câlins et Hadès aime que je me roule en boule près de Lui. Il y a beaucoup de tendresse et de grosses déconnades mais aussi des discussions houleuses. J'ai certaines tâches domestiques mais, en dehors de ça, c'est partage des tâches sans aucun souci.

L’amour et/ou le Lien

Hadès —  L'amour est présent grâce au lien, sans ce lien, nous n'arrivons plus à être unis.

Le contrat et/ou la check-list

Hadès —  Check-List +++ autant sur tout ce qui touche les pratiques SM que sur la D/s. Le contrat, car c'est indispensable : une façon de communiquer de manière écrite pour garder une trace et un cadre bien défini. J'ai tendance à penser à beaucoup de choses et poser tout à plat régulièrement va aussi m'aider à être régulier et adapter mes règles à notre quotidien. Donc tout est notifié, des règles aux positions où encore tous les aspects de la vie de Perséphone que je veux contrôler. Il sera relu et potentiellement modifié tous les 2 mois.

Les pratiques

Perséphone —  L'impact, le petplay, les entraves, le CNC et tellement de choses encore. Une recette de beaucoup d'ingrédients pour des séances différentes. Elles seront régulières pour que je puisse être plus endurante et résistante (je ne suis pas masochiste). Il n'y a que lorsque la douleur est conjuguée à de la stimulation sexuelle que je l'apprécie. En matière de safeword, N/nous avons mis en place un code couleur pour que N/nous puissions évoluer durant les séances SM.

Le sexe

Perséphone —  Le sexe est présent mais n'est pas indispensable. Ma libido est présente uniquement grâce à N/notre lien. Avec un monstre de moins de trois ans, c'est difficile de trouver du temps mais c'est obligatoire de s'accorder un moment et je dois être disponible sexuellement pour Lui, peu importe mon humeur.

Les enfants

Hadès —  Un joli garçon de bientôt trois ans qui nous comble d'amour et qui réduit nos nuits à cinq heures de sommeil. Aussi têtu que son père et le caractère bien trempé de sa mère. Ce qui est sûr c'est que ce n'est pas le fils du facteur.

Votre entourage

Perséphone —  Je ne parle pas du tout de ça car ma mère, qui est une féministe x1000, ne comprendrait pas du tout. Il y a longtemps N/nous faisions des munchs et des rencontres régulières avec des membres de la communauté. N/nous comptons recommencer à voir du monde mais, avec un enfant en bas âge, ça reste un peu complicado.

Hadès —  Alors non : de mon côté, personne de près ou de loin n’est au courant de notre relation, par peur de choquer, car malheureusement les stéréotypes ont la vie dure. Nous avons fréquenté quelques munchs sur la région parisienne et avons rencontré beaucoup de monde : peu sont devenus de réels amis. L'envie et le besoin de parler avec des gens comme nous se font de plus en plus forts.

Quel genre de soumise es-tu ?

Perséphone —  Je suis une soumise à l'écoute des envies de l'autre, qui donne tout ce qu'elle a pour rendre son Dominant fier et heureux. Je ne suis vraiment épanouie que lorsque je suis Sienne, c'est uniquement comme ça que je peux lâcher prise.

Quel genre de Dominant es-tu ?

Hadès —  Puis-je réellement répondre à cette question ? Je me décrirais comme sadique mais, surtout, je suis très à l'écoute de Perséphone car plus elle se sent bien et plus elle satisfait mes envies et mes désirs. J'espère la façonner pour qu'elle puisse s'épanouir totalement dans sa soumission. J'aime l'impact et Perséphone le supporte pour moi. Je veux qu'elle se dépasse pour moi. Voilà pourquoi nous avons instauré un code couleur pour que je puisse connaître son degré de souffrance et accroître son endurance.

On a oublié quelque chose ?

Hadès —  Sachez que le BDSM, surtout après l'arrivée d'un enfant, c'est vraiment un chamboulement, même une bombe ! Ne regardez pas uniquement les comptes Instagram : car cela reflète uniquement les beaux moments. Mais non : vous pouvez être triste, douter, vous détester ou encore rater des séances à cause des enfants. Ne faites pas les mêmes erreurs que nous en essayant de ressembler à d'autres : ça ne marche pas. Il existe de nombreux pratiquants qui ont des contraintes comme les vôtres, ne culpabilisez surtout pas d'être vous-même.

Le bilan

Hadès —  Maintenant c'est nous. Un couple en relation M/e a dit cette phrase qui est parfaite, je me permets de la reprendre : Perséphone me sert, je sers la relation. C'est comme cela que ça fonctionnera (car c'est comme ça que ça a commencé). Lorsque nous aurons retrouvé notre équilibre et surtout la confiance qu'elle me porte, tout sera beaucoup plus simple même si ça ne sera pas toujours tout rose. Il faut déjà que nous trouvions un appartement et recommencer à vivre heureux avec notre propre BDSM.

Un truc drôle

Perséphone —  Ma mère a cru qu'Hadès était un proxénète qui voulait faire de moi une prostituée en Belgique. Merci mes anciennes collègues qui lui ont monté la tête. Et pourquoi ? Parce que la première fois qu'Il est venu me chercher au boulot j'étais habillée en robe en cuir et j'avais des porte-jarretelles. C'était quand même vachement drôle.

---

Vous pouvez suivre Hadès et Perséphone sur leur compte Instagram commun : m.hades_persephone.

Articles les plus consultés